Qu’est-ce que l’attention divisée ?
L’attention divisée aussi appelée attention partagée est le plus haut niveau de la hiérarchie établie par le modèle clinique de Sohlberg et Mateer*, suivie de l’attention alternée, sélective, soutenue et focalisée. Ce type d’attention nous permet d’effectuer plusieurs tâches simultanément, ce que l’on appelle communément le multitâche. La mise en œuvre de l’attention divisée commence lorsque nous effectuons deux activités en même temps qui nécessitent des réponses ou des exigences cognitives différentes. Mais également lorsque les exigences sont similaires mais que le type de stimulus à prendre en compte diffère dans chaque activité.
Le modèle clinique de Sohlberg et Mateer*, expliqué plus en détail dans les articles précédents, établit une dépendance entre les niveaux d’attention, de sorte que le bon fonctionnement des niveaux supérieurs dépend du fonctionnement des niveaux inférieurs. A propos de l’attention alternée, la manière dont son fonctionnement dépend d’une attention sélective, soutenue et focalisée a été exposée. Ainsi, pour établir la subordination du fonctionnement de l’attention divisée à des niveaux inférieurs, il suffit d’indiquer la relation étroite entre ce type d’attention et l’attention alternée à travers les mots des auteurs eux-mêmes : « l’attention divisée peut refléter une alternance continue d’attention et de rapidité ou de confiance ». sur un traitement automatique plus inconscient pour au moins une des tâches.
Cette affirmation indique que, lors de la réalisation d’une tâche d’attention divisée, par exemple envoyer un message avec le mobile pendant que nous marchons dans la rue, nous alternons très rapidement les deux activités, de sorte que nous pouvons les sortir simultanément. De plus, ils ajoutent que l’exécution d’une des tâches peut être automatique, comme c’est le cas de la marche.
Impact des stimulis du quotidien
L’exemple précédent met en lumière les nombreuses situations quotidiennes dans lesquelles nous activons l’attention divisée. Bien que nous ayons toujours été exposés à un grand nombre de stimuli, notamment visuels et auditifs, avec l’arrivée des appareils mobiles (mobile, tablette, eBook, consoles etc. ), la quantité d’informations que nous devons traiter simultanément a augmenté. Ainsi, une tâche telle que conduire une voiture impliquait déjà de prêter attention à divers stimuli visuels (les panneaux de signalisation) et auditifs ( le klaxon des autres voitures) tout en exécutant les comportements typiques de la conduite automobile tels qu’accélérer, freiner etc. Cependant, aujourd’hui, il est très courant de parler au téléphone en conduisant, de sorte que les demandes cognitives augmentent, nécessitant l’intégration et le bon fonctionnement de l’attention à tous ses niveaux.
Considérant la grande implication de l’attention divisée dans notre vie quotidienne, il n’est pas surprenant que les problèmes de multitâches, soient ceux qui limitent le plus la réintégration dans la vie quotidienne. Pour cette raison, il est extrêmement important d’inclure ce type de soins dans l’évaluation neuropsychologique après une lésion cérébrale.
Évaluation de l’attention divisée
Généralement, lors de l’évaluation de l’attention, les tests les plus couramment utilisés évaluent l’attention soutenue (le BTA) et l’attention sélective (des tâches d’annulation telles que le d2). En revanche, dans les batteries rigides telles que les batteries d’intelligence de Wechsler, l’attention est évaluée à l’aide du sous-test des chiffres (attention soutenue), des lettres et des chiffres (attention alternée)3. La rareté des instruments d’évaluation de l’attention divisée signifie que, à de nombreuses reprises, les problèmes dans ce domaine sont relégués au second plan. Une réhabilitation complète n’est donc pas effectuée.
On peut penser que des informations sur l’attention divisée peuvent être obtenues en évaluant les niveaux inférieurs d’attention. Cependant, l’idéal est de procéder à une évaluation complète, incluant tous les niveaux, en particulier dans les cas où le problème principal est l’attention. À cette fin, l’instrument d’évaluation de l’attention divisée le plus largement utilisé est le Paced Auditory Serial Addition Test (PASAT)4.
Dans ce test, le patient est présenté, via un CD ou une cassette, avec un chiffre toutes les 3 secondes et sa tâche est d’ajouter chaque nouveau chiffre au précédent, de sorte que, si le premier chiffre est 5 et le second est 2, la bonne réponse est 7, et si le nombre suivant est 8, alors la bonne réponse sera 10 (2+8).
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Réhabilitation de l’attention
Comme pour l’évaluation, on peut aussi conclure qu’avec la rééducation des niveaux inférieurs, on obtient automatiquement une amélioration des niveaux supérieurs, notamment en attention divisée. Cependant, la réhabilitation des soins doit être globale, travailler à tous les niveaux de manière hiérarchisée, afin
que la réhabilitation ou le renforcement de chaque niveau serve d’« échafaudage » pour l’intervention du suivant.
Le programme de réhabilitation de l’attention le plus utilisé à la fois dans la pratique clinique et dans la recherche est l’Attention Process Training (APT). L’attention soutenue, sélective, alternée et divisée y sont travaillées à travers des exercices papier-crayon et des tâches d’écoute informatisées. L’entraînement à l’attention divisée, en particulier, est réalisé à travers trois modalités de tâches* :
- Lecture complète d’un texte et recherche d’un stimulus spécifique (par exemple, la lettre h).
- Combinaison de tâches auditives d’attention soutenue avec des tâches nécessitant une réponse motrice en présence d’un stimulus particulier, évaluant le temps de réaction.
- Combinaison de tâches d’attention soutenue avec surveillance du temps (suivi du temps écoulé).
L’APT, comme la plateforme NeuronUP, dans laquelle de multiples exercices sont disponibles pour travailler sur les différentes fonctions cognitives, s’intègre dans les programmes d’intervention directement sur les déficits, ce qu’on appelle la restauration fonctionnelle. Cependant, en intervention neuropsychologique, d’autres procédures peuvent être réalisées, qui seront appliquées en fonction des caractéristiques cliniques et des besoins de chaque patient.
Autres types d’interventions
De telles procédures ou types d’interventions ne sont pas exclusifs, en effet, dans la plupart des cas, ils doivent être combinés pour garantir la meilleure récupération du patient.
- Compensation/adaptation fonctionnelle : après une lésion cérébrale, et notamment chez l’adulte, il est possible que la fonction endommagée ne puisse pas être récupérée, on travaille donc sur d’autres fonctions moins altérées ou intactes afin qu’elles puissent compenser les déficits du patient.
- Modifications environnementales : il s’agit d’adapter l’environnement du patient pour favoriser son fonctionnement cognitif. Dans le cas de l’attention, une modification de l’environnement consisterait à réduire les distracteurs.
- Aides externes : dans le cas où la fonction cognitive ne peut pas être récupérée, le patient reçoit des matériaux qui lui permettent d’effectuer les activités de la vie quotidienne sans dépendre de la fonction endommagée. Un exemple serait l’utilisation d’un magnétophone en classe pour l’élève ayant des problèmes d’attention.
- Intervention dans la famille : les problèmes cognitifs, comportementaux et émotionnels des patients atteints de lésions cérébrales peuvent être une surcharge pour les membres de la famille et/ou les soignants, il est donc extrêmement important de travailler avec eux par le biais de la psychoéducation et du soutien psychologique. En revanche, ils jouent un rôle actif et essentiel dans la rééducation, informant des résultats de l’intervention en dehors de la consultation ou réalisant des activités à domicile dans le cadre de la rééducation.
- Interventions comportementales et émotionnelles : ces problèmes peuvent être le résultat des altérations organiques causées par la blessure, ou comme une réaction émotionnelle aux déficits que le patient remarque.Il est important de ne pas négliger le niveau émotionnel puisqu’il est étroitement lié au fonctionnement cognitif. Par exemple, les symptômes dépressifs peuvent aggraver les problèmes d’attention.
L’importance de la motivation
Au sein de l’intervention comportementale et émotionnelle, le travail sur la motivation mérite une attention particulière, puisqu’il est un grand allié pour favoriser la réhabilitation ou la compensation des déficits pour plusieurs raisons :
- Améliore l’adhésion à l’intervention.
- Il garantit l’effort maximal du patient pour effectuer les tâches et obtenir de meilleurs résultats.
- Il permet d’inclure des tâches en dehors de la consultation dans le plan d’intervention.
- Une fois l’intervention terminée, elle incite le patient à suivre des consignes si besoin.
Pour augmenter la motivation du patient, il est utile de suivre certaines directives :
- Dès le début, établissez un lien avec le patient, en le mettant à l’aise dans la consultation et, surtout, en lui donnant la confiance nécessaire pour exprimer tous ses doutes et ses émotions.
- Soyez honnête avec le patient et ne lui donnez pas de faux espoirs.
- Adaptez vos attentes à ce qui peut être réalisé avec la réadaptation.
- Au début de l’intervention, expliquez en détail en quoi elle consistera, combien de temps elle durera et l’engagement qu’elle requiert tant de votre part que de la part du thérapeute.
- Établissez des objectifs clairs à court et à long terme avec le patient, afin qu’il puisse évaluer par lui-même les résultats qu’il obtient avec l’intervention.
- Avant chaque séance, expliquez le but des tâches à réaliser, afin que ce qui est réalisé lors de l’intervention ait du sens pour le patient.
- Donnez-lui la possibilité de suggérer des idées et même de prendre de petites décisions, par exemple choisir l’ordre des exercices proposés pour la séance. De cette façon, vous vous sentirez qu’il participe activement à la rééducation.
Pour conclure, il convient de mentionner qu’après la mise en œuvre d’un programme de réadaptation neuropsychologique, il est conseillé de surveiller le patient, d’évaluer le fonctionnement cognitif, émotionnel et comportemental et comment tout cela influence la qualité de vie. Ce dernier aspect est d’autant plus pertinent que l’atteinte d’une meilleure qualité de vie est le but ultime de toute intervention.
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Les références
- Sohlberg MM, Mateer CA. Efficacité du programme d’entraînement de l’attention. Journal de neuropsychologie clinique et expérimentale. 1987;9(2):117–30.
- Sohlberg MM, Mateer CA. Améliorer l’attention et gérer les problèmes d’attention. Annales de l’Académie des sciences de New York. 2006;931(1):359–75.
- Amador J.A. Échelle d’intelligence de Wechsler pour adultes-IV (WAIS-IV).2013.
- Sherman E.M, Strauss E, Spellacy F. Validité du test d’addition en série auditif rythmé (PASAT) chez les adultes référés pour une évaluation neuropsychologique après un traumatisme crânien. Clin Neuropsych. 1997;11(1):34-45.
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